Bonjour les Dragounets !
Depuis quelques temps, j’entends parler d’un nouveau phénomène dans le monde littéraire : Rocambole. Pour en savoir plus, je suis allé à la rencontre de Fred Marty pour qu’il m’en dise plus sur Rocambole et son rôle de coach. Comme nous sommes confinés et que l’on n’habite pas la même ville, je lui ai posé mes question via Zoom…
En quelques mots, qu’est-ce que Rocambole ? En quoi est-ce un concept original ?
Rocambole est une appli pour lire des séries littéraires sur smartphone. Il faut s’abonner pour quelques euros par mois et, une fois que c’est fait, on a accès à tout le catalogue. Des séries sont ajoutées régulièrement, la publication se fait par saison entière. Pour certaines séries, tout se termine en une saison et pour d’autres, cela peut durer très longtemps. C’est un Netflix littéraire !
Depuis combien de temps l’application existe-t-elle ?
Il y a eu un financement participatif réussi fin 2018 avec une première version bêta fermée début 2019. Rocambole a connu une montée en puissance en milieu de l’année dernière quand ils ont recruté Julien Simon comme directeur éditorial. C’est lui qui a recruté les coaches au cours de l’été. À l’époque il y avait 15 séries. C’est à ce moment-là que je suis arrivé !
L’application est enfin disponible sur Android, Qu’est-ce que ça change pour vous ?
L’appli Android va permettre à plus de monde d’accéder à Rocambole. Puisqu’avant ce n’était que pour les utilisateurs de IOS. Cela veut dire que, jusqu’à maintenant, environ 80% des utilisateurs de smartphone ne pouvaient pas s’abonner à Rocambole. Il y a beaucoup plus de séries maintenant qu’au moment du lancement de septembre 2019. On a à peu près 40 séries soit plus de 800 épisodes et il y en autant en cours de travail éditorial. En plus c’est gratuit pendant le confinement !
Comment es-tu devenu coach ?
J’ai vu passer les annonces sur Twitter, j’ai postulé, puis j’ai passé des tests d’embauche.
Un test “comité de lecture” : il fallait lire plusieurs textes et donner son avis en une phrase pour dire si on les sélectionnerait ou non et pourquoi.
Un test d’orthographe où il fallait trouver des fautes dans un texte. Certaines fautes étaient évidentes, mais d’autres beaucoup plus fourbes.
Et enfin un test éditorial. Le but était vraiment de donner un avis construit sur un texte. Certains éléments du texte fonctionnaient, d’autres non et on devait suggérer des modifications.
Sur une centaine de postulants, on a été six à être retenus. Et je suis le seul homme ! Du coup, on dit souvent “elles” en parlant des coaches. Histoire de ne pas faire l’accord que pour moi :p
Certains candidats qui n’ont pas été retenus sont sur “liste d’attente” et ont rejoint le comité de lecture. On ne sait pas forcément s’il y aura besoin de plus de coaches dans l’équipe au fil de l’évolution de Rocambole.
Faut-il soumettre une série complète ou seulement quelques épisodes ?
Au début on a reçu des textes complets. Beaucoup d’auteurs avaient déjà des romans tout prêts dans leur tiroir et nous les ont envoyés. Au fur et à mesure, on a accentué l’aspect série pour renforcer la spécificité de Rocambole et les conditions de soumission ont évolué.
Actuellement, tu proposes ton premier épisode de maximum 7000 signes (les épisodes suivant font 10000 signes), la lecture d’un épisode doit durer en moyenne 5 minutes. En plus du premier épisode, il faut aussi soumettre un synopsis détaillé de la saison 1 pour voir si l’histoire tient la route.
Avant de procéder comme ça, on s’est parfois retrouvé avec des séries bien écrites et bien construites sur les trois premiers épisodes, mais pour lesquelles la suite perdait en qualité. Ou parfois des textes soumis qui pouvaient être prometteurs, mais difficiles à évaluer sans savoir où l’auteur comptait aller. Cela m’a permis de me rendre compte en tant qu’auteur, de l’importance du synopsis pour se faire un avis sur une histoire.
Les séries peuvent être sur n’importe quel thème, de la romance, de l’historique, des SFFFH et même de la non-fiction !
Depuis très récemment on essaye de coller à l’actualité. Par exemple, la série Coronavirus a fait polémique récemment. Certains ont trouvé que c’était de mauvais goût et l’ont très mal pris.
L’un des objectifs pour Rocambole est d’arriver à réunir des auteurs capables d’écrire à la demande ou en collectif pour sortir des œuvres littéraires sur le thème du moment.
Comment se passe la sélection des textes ?
Les séries reçues sont soumises au comité de lecture qui a un mois pour donner son avis. Ensuite Julien et Lucie, la directrice éditoriale adjointe, tranchent pour décider si la série rentre au catalogue. C’est ensuite que les coaches arrivent.
En quoi consiste ton rôle de coach ?
Je fais la correction orthographique, stylistique et grammaticale, mais surtout, j’accompagne l’auteur sur la partie scénaristique. Il y a aussi le coaching pur et dur : l’accompagner pour qu’il arrive à faire tout ça. Je peux être amené à dire à l’auteur que tel ou tel point est un peu cliché ou que ça ne fonctionne pas bien dans l’histoire. Ce n’est pas juste de la bêta lecture. C’est du coaching : il faut accompagner les gens en fonction de leur personnalité. Certains sont susceptibles, d’autres ont besoin d’être poussés ou au contraire freinés. Le but c’est qu’ils arrivent à sortir leur meilleure série.
Est-ce que le fait d’être toi même auteur et rôliste t’aide à conseiller les auteurs que tu coaches ?
Oui ! Parce que je choisis des thèmes qui me parlent. Cela m’aide beaucoup car je sais que j’ai déjà mis les mains dedans. C’est aussi pour ça que j’ai soumis moi-même une série, pour me confronter aux nouvelles conditions de soumission. C’est facile de dire qu’on veut qu’un épisode fasse 7000 signes, mais c’est beaucoup moins simple à faire. Quand je demande à un auteur de raccourcir son texte, il ne sait pas toujours quoi enlever et il m’est arrivé d’écrire quelques phrases pour faire une suggestion concrète. Je ne suis pas un prof mais un coach, certains auteurs que je coache ont des styles beaucoup plus riches que le mien. Ou tout du moins très différents. Et c’est important de pouvoir me mettre à leur place pour les guider au mieux.
Est-ce qu’il t’arrive de demander des conseils aux autres coaches ?
Entre nous on communique sur Discord pour se donner des coups de main quand on a des difficultés sur une série. Que ce soit dans l’accompagnement de l’auteur ou sur le texte.
Penses-tu que, de nos jours, les lecteurs ne sont plus disponibles pour des formats longs ?
Je pense que Rocambole cherche un public différent. Des gens qui ne sont pas lecteur de grand format. On va chercher des gens qui sont plus habitués au rythme de Netflix. J’ai l’impression que dans le lectorat actuel on s’imagine qu’il n’y a que deux groupes : Les grands lecteurs ou les non-lecteurs. Or, je pense qu’il y a aussi un créneau au milieu. Des gens qui vont lire des petits épisodes par-ci, par-là, qui ont l’habitude d’être sur leur téléphone et de consommer des séries. Le juste milieu entre le grand lecteur et celui qui ne lit pas. Les séries que nous proposons ne sont pas simplement des romans découpés, ce sont de vraies séries : avec beaucoup de rythme, de rebondissements et des fin de saisons ouvertes ou non.
Est-ce que Rocambole peut être un tremplin vers la lecture pour les jeunes?
C’est difficile à dire. Cela risque d’être des usages différents. Je pense que Rocambole va avoir son existence en tant que tel. Peut-être que certains iront voir des formats plus longs, peut-être pour lire les autres livres d’un auteur qu’ils ont apprécié, mais je ne pense pas que ça fera passerelle. Et ce n’est pas non plus le but que nous nous fixons, il y a un côté péjoratif dans le mot tremplin : “tu lis des épisodes, mais quand tu seras grand tu liras de vrais livres.” Un peu comme ce que l’on peut entendre parfois pour l’auto-édition : “C’est bien, peut-être qu’un jour tu seras édité par un vrai éditeur !”. Comme si ce n’était pas assez bien en soi.
On termine avec LA question difficile : Si tu ne devais conseiller qu’une seule série Rocambole, laquelle choisirais-tu ?
Ah non ! C’est vache comme question ! Est-ce que je dois citer une série que je n’ai pas coachée pour être objectif ? Si je n’ai pas le choix, je vais choisir celle que j’ai finie hier soir : Un professeur imaginaire, d’Ange Beuque. C’est un prof qui débarque dans une classe difficile, parmi ses élèves il y a un troll, une elfe ado colérique, un métamorphe… et il va devoir leur apprendre des trucs. C’est de la fantasy légère, plutôt drôle, ça se lit vite.
J’espère que cette interview vous aura donné envie de découvrir Rocambole ! Si vous souhaitez découvrir l’univers de Fred, vous pouvez lire l’article que j’ai écrit sur son roman Les aventures de Sherona.
Pour télécharger l’application Rocambole c’est par ici !
En ce qui me concerne j’ai suivi le conseil de Fred et j’ai commencé la lecture de Un professeur imaginaire ! Je vous en parlerai très bientôt !
À bientôt les Dragounets !
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